Grey skies are just clouds passing over | Allen Pavlov

Allen ne souhaita jamais la guerre et la violence. Il n'avait toujours été que patience et compassion... Pas un mot de travers, pas un seul geste brusque. Le garçon était à l'effigie de son pouvoir : silencieux et calme. Le regard des autres ne l'intéressait pas... Le sort même des autres lui était indifférent. Seule sa santé et celle de son frère lui importaient, et ce depuis sa naissance. Il en avait toujours été ainsi au Balchoï Tsirk. Allen avait rapidement appris à s'enfermer dans son cocon apaisant. Ses parents n'avaient pas souhaité de lui. Le monde ne souhaitait pas de lui... Pourquoi se contraindre à penser à autrui ? Non, il n'en avait aucune raison.

Allen avait toujours souhaité vivre... La survie était pour lui synonyme de mort. Une existence plate et sans consistance. C'était ainsi qu'il percevait les choses. De ce fait, le jeune mutant tâcha toujours de garder son énergie. Cette même vitalité que lui procurait la nature... Allen n'existait pas en tant que phénomène de foire que l'on exhibait fièrement dans un cirque. Cette apparence n'était qu'une enveloppe. Une vieille marionnette sans vie que le garçon peinait à faire s'agiter... Allen au fond, était un être libre. Un esprit perdu avec la plus grande joie dans la nature ! Si ses parents l'avaient vendu lui et son frère à ce cirque, jamais ils ne réussirent à prostituer son âme. Celle-là, Allen la protégea bien avidement, et ce afin de continuer à vivre. Il la laissa pour toujours vagabonder dans le peu de nature que les forains leur proposaient quotidiennement...

Sans Lissa, peut-être serait-il toujours aujourd'hui à parader sans vie devant la foule en délire du Balchoï Tsirk. Allen n'était pas un acteur. Il était un dormeur. Un être se complaisant dans l'inactivité et la contemplation... Son frère en revanche, s'accrocha à la première opportunité de quitter la Russie. De quitter leur pays bourreau. Le petit mutant représentait certainement l'unique personne capable de remettre Allen en marche. L'unique personne capable d'influencer l'être nonchalant et "libre" qu'il était. Il fut ainsi sa porte de sortie. Son véritable échappatoire face au cirque cruel dans lequel ils avaient tout deux toujours vécu...

Les Etats-Unis furent ainsi rapidement leur destination. Un pays de liberté et de joie pour les mutants. Du moins, c'est ce que les rêveurs répétaient en Russie. Là-bas, Allen et Lissa auraient pu retrouver un semblant de liberté. La liberté du corps. Celle de se mouvoir et de mettre les pieds où bon leur semblait... Cette liberté fut atteinte. Seulement, les deux frères ne purent la mettre au profit d'une noble cause... Ils la salirent. Et pire encore, Allen dû recourir à des pratiques de son pouvoir qu'il n'aurait jamais souhaité... Les banlieues de New-York n'étaient pas de bon augure pour les mutants. Leur sécurité là-bas y était bien moins sûre qu'au Balchoï Tsirk... Les deux frères ne tardèrent pas à rejoindre un gang de rue, et ce afin de survivre dans la jungle américaine. Allen ne s'était jamais senti moins libre qu'en ce temps-là. Son esprit ne pouvait s'évader dans la nature comme il en avait l'habitude dans sa prison du cirque... Dans les rues de New-York, il devait survivre. La pire condition humaine qu'il soit.

Le pauvre dormeur dû recourir quelques fois à la violence. Il était question de sauver sa peau et celle de son frère... Empoisonnement à l'aconit, suffocation au colchique, paralysie à la belladone ou simple hématome à coup de poing en bois, Allen regretta amèrement chacune de ses mauvaises actions au sein de ce gang... Ce fut cette fois-ci à son tour de sortir sa famille du bourbier dans lequel elle s'était engluée. La mince lueur d'espoir qu'il vit en cet institut pour mutants marqua ainsi le dernier tournant des désastreuses aventures de Lissa et Allen.

L'établissement du professeur Xavier avait tout de la liberté de l'être à laquelle s'accrochait le jeune mutant. La contemplation et la douceur étaient là-bas une activité possible. Un temple pour le rêveur qu'était Allen... L'oisiveté était la plus belle philosophie du garçon. Ses premières semaines dans l'institut ne purent ainsi être dépensées ailleurs que dans le jardin botanique. Le dormeur aurait en réalité adoré y élire domicile. Il semblait cependant plus approprié de dormir dans une chambre "comme tout le monde". Du moins, c'est ce qu'"ils" disaient... Allen eut tout d'abord extrêmement de mal à se retrouver séparer de son frère. Une douleur qu'il apprit rapidement à mettre de côté avec le reste de ses ennuis passés. Ils étaient en sécurité. Du moins, pour le moment.