Welcome to my wild world
Le petit Niou était tranquillement en train de jouer dans la cour avec les autres enfants lorsque des policiers étaient soudainement arrivé accompagné de la maîtresse. Le petit groupe s'était approché de l'enfant et l'un des policiers avait alors expliqué à l'enfant que sa mère avait eu un accident de voiture et qu'elle était partie. Partie ? Il ne comprenait pas. Pourquoi est ce qu'elle ne l'avait pas emmené avec elle ? Il voulait la voir. Le policier ne voulait pas, alors Niou avait retenu sa respiration. A contre coeur, le monsieur avait passé des coups de fil.
Perdu, Niou s'était laissé conduire jusque dans un hôpital, dans un lieu qu'on appelait la morgue. Il était accompagné du policier et d'une pédiatre. Il avait vu un homme arriver en courant, au trait familier. Son père, qui était partie vivre aux Etats Unis. Ensemble, main dans la main, geste qu’ils n’avaient pas eu depuis plus d’un an maintenant, ils étaient entré dans la salle. Sa mère était allongée sur un lit, et semblait dormir.
Ensuite Niou fut conduit à l’aéroport où une valise pleine de ses affaires l’attendait ainsi que son ours en peluche. Il avait enfoncé son bonnet sur sa tête comme pour se cacher. Il ne voulait pas être là. Il voulait rentrer chez lui et manger les cookies que sa mère lui achetait.
En plus d’un changement de pays, d’école. Il y avait aussi la langue. Niou avait dû prendre des cours d’anglais. Seulement, il étudiait en silence, écoutant simplement son professeur particulier et faisant les exercices écrits qu’on lui demandait. A l’école, ses camarades le trouvaient étrange parce qu'il ne parlait pas. Il passait soit ses journées dans la classe à faire des puzzles ou à rester assis dans un coin, déchirant les feuilles des arbres qui tombait. Parfois il levait les yeux de ses occupations et regardait ses camarades courir, glisser sur le toboggan. Puis tournait la tête vers le portail de la cour. Il espérait voir le visage de sa mère passer la porte pour venir le chercher. Il ne voulait pas rester avec son père.
Les années avaient passés et Niou avait à présent huit ans. Son père avait jugé qu'il était en âge de comprendre et avait fini par lui expliquer que sa mère était morte. Qu'il ne la reverrait donc jamais. Mais qu'il y avait des gens dehors qui seraient ravis de jouer avec lui, qu’il pouvait se faire des amis. L'enfant n'avait rien dit. Il avait fixé son père de ses yeux sombres avant de sortir de la chambre pour aller jouer avec ses jouets. Quelques jours après son père l’avait emmené dans un cabinet pour voir une dame. Une psychologue. Pour l'aider. Niou ne comprenait pas ce qu'elle lui voulait. Il était resté muet. Il l'avait laissé parler. Assis sur la chaise, il avait entendu la médecin et son père s’inquiéter à son sujet, parler d'un potentiel trouble post-traumatique lié à la perte de sa mère. Elle avait conseillé au parent d’aller à des réunions avec son fils, pour le forcer à se mêler à des enfants de son âge.
La petite famille s’était alors rendue à leur première réunion, quelques jours plus tard. L’un était bien plus stressé que l’autre. Niou ne le quittait cependant pas d’une semelle, alors que son père essayait en vain de le convaincre d’aller jouer par exemple avec le petit garçon qui faisait rouler des voitures sur le sol. Mais rien n’y faisait.
- N'est il pas détraqué ?
- Pourquoi porte t-il cet affreux bonnet ?
- Il ne parle pas du tout ?Le père entendait les mères d’à côtés chuchoter entre elles. Il serrait les poings pour ne pas dire quelques choses de désagréables. Niou était bien loin de se soucier de ce que disaient les adultes juste à côté. Il était toujours assis dans son coin. De temps en temps, un groupe de petites filles cessaient de jouer, regardait le petit japonais et chuchotaient entre elles. L'une d'elles s'était finalement détachée pour aller rejoindre le garçon.
- Coucou, moi c'est Wendy, tu veux jouer avec nous ? Wendy était une jolie petite fille aux cheveux bouclés blonds. Des yeux bleus, la peau légèrement bronzé à cause des chaleurs surprenantes de l'Eté. Elle lui tendait une poupée en plastique. Niou avait penché la tête sur le côté. Pourquoi est ce qu'elle avait un sourire aussi figé ? Et tant de maquillage ? Maman, elle en avait beaucoup moins. Il avait alors attrapé le jouet par la tête et tirer d'un coup sec. Les autres filles avaient criées mais pas Wendy. Elle, elle avait rit.
- T'a raison, c'est nulle les barbies. Viens on va jouer à autre choses !Elle lui avait alors attrapé la main et trainé avec elle pour sortir un jeu de société.
Niou et Wendy étaient devenues les meilleurs amis du monde. Du moins, il n'y avait qu'elle qui le clamait. Mais elle était persuadé que le garçon muet pensait pareil. Il ne parlait toujours pas mais il l'écoutait. Ils arrivaient à jouer ensemble. A faire des coloriages, des jeux de sociétés. Un jour, elle avait fait écouter une musique dans son baladeur à Niou. Un truc calme à la guitare. Son ami s'était mis soudainement à pleurer.
- Robeeeert !!! Niou il pleuuureWendy avait couru jusque dans le salon. Robert était le majordome de la maison, qui devait aussi veiller sur Niou quand Hatori, le père, n’était pas là. Celui-ci avait accouru, inquiet, lui demandant s’il s'était fait mal quelque part. Niou avait secoué la tête et pointé du doigt le baladeur.
- J'voulais simplement lui faire écouter une chanson...Robert avait alors eu une idée. Si Niou ne pouvait pas parler, la musique le ferait pour lui. C'était ainsi qu’il en informa Hatori dès le retour de ce dernier. L'enfant commença le lendemain à prendre des cours de guitare - après avoir essayé tous les autres instruments dans le magasin.
A défaut d'entendre donc la douce voix de Niou, c'était ces notes de musiques - plus ou moins fausses - qui mettaient de l'animation dans la maison. Il fallait parfois bien tendre l'oreille pour savoir l'état d'esprit de l'enfant. La musique semblait aussi apaiser le garçon, qui ne restait plus cloitrer dans sa chambre mais partait explorer de temps en temps les autres pièces. Il était même aller observer la cuisinière faire le dîner. Tout avait l'air donc d'être un peu près "normal", au grand soulagement de Hatori. Il avait craint qu'autre chose n'apparaisse. Il avait cela dit souffler trop vite.
Niou avait onze ans lorsque c'était arrivé. Une partie de cache-cache avec Wendy. Une cachette dans le placard malgré que son père lui avait dit cent fois de ne pas jouer dedans. Mais Niou n'en faisait parfois qu'à sa tête. La porte qui fermait mal. Le temps qui s'écoulait. L'enfant s'était alors mis à taper contre la porte, tendre l'oreille pour entendre du bruit avant de recommencer.
- We...wendy ??Le prénom n'avait été qu'un simple murmure pour ensuite être répété de plus en plus fort.
- Robert ??? Papa ???Seul le silence lui répondait et la peur d'être coincé ici jusqu'à la fin de sa vie avait fait coulé des larmes sur les joues de Niou. Il faisait noir dans ce placard en plus. Il avait essayé de pousser la porte avec ses mains, encore et encore. Et puis soudainement une petite lumière blanche en forme de boule était apparu. Éclairant le petit espace. Niou avait cligné des yeux, tendu la main pour toucher sa seule compagnie. Ce n'était pas chaud. C'était ainsi que le majordome l'avait retrouvé. Juste une seconde avant que la magie ne disparaisse. Hatori allait avoir besoin de parler avec son fils.
Hatori était un peu tombé des nus lorsque Robert lui avait raconté ce qu'il avait vu. Inutile de penser à un quelconque effet d'optique. Un don lié à la lumière, il connaissait bien. Il était donc parti rejoindre Niou, qui était parti se réfugier dans sa chambre. Allongé en chien de fusil sur son lit, il tenait fermement son ours en peluche contre lui. Son père s'était assis près de lui, posant une main réconfortante sur son épaule.
- Niou, on peut parler de ce qui s'est passé ?L'enfant avait levé son regard sur son interlocuteur, le fixant de ses yeux sombres et larmoyants. Lui confirmant qu'il avait toute son intention. Hatori ne savait pas vraiment par où commencer, aussi, plutôt que de se lancer tout de suite dans une explication avait il préféré faire une démonstration. Il avait tendu sa main vers la petite lampe allumé, et le faisceaux lumineux avait soudainement dérivé pour éclairer un endroit de la chambre qu'il ne faisait pas d'ordinaire. Intrigué, Niou s'était redressé, fixant la lumière puis son père.
- Tu es...comme moi ?- Oui Niou, je suis comme toiHatori avait senti son coeur fondre en voyant son fils lui sourire pour la première fois, et ses yeux s'écarquiller de surprise lorsqu'il avait senti des petits bras autour de son vendre. Une main apaisante venait réconforter l'enfant en caressant son dos. Hatori lui expliqua alors qu'ils étaient tous les deux des mutants, qu'il y avait pleins de personnes comme eux dehors. Niou n'avait pas a avoir honte de son don. Il devait même en être fier, puisqu'il était capable de guider une âme perdue dans la nuit. Mais il devait aussi s'entraîner pour ne pas le laisser apparaître n'importe quand et n'importe où.
Niou s'était alors mis au travail, quand il avait le temps entre l'école et Wendy. Il voulait montrer à sa meilleure amie la belle lumière. Il pensait qu'elle trouverait ça cool. Il était loin de se douter que ça serait tout le contraire. Une fois sur et certains d'avoir maitrisé son pouvoir, Niou avait donné rendez vous à Wendy au petit parc à la tombée de la nuit. Dans un coin où il n'y avait personne.
- Alors Niou, tu voulais me montrer quoi ?Un sourire avait légèrement étiré les lèvres de ce dernier, avant de qu'il ne fasse apparaître du creux de sa main une petite boule lumineuse. Son amie avait suivi des yeux le phénomène, d'abord intrigué puis la peur et la colère avaient transformé son doux visage.
- C'est quoi ce truc ?? Tu fais ton intéressant alors que tu es...qu'un..qu'un...Le mot ne voulait pas sortir de ses lèvres. Elle avait toujours considéré Niou comme son petit frère, même si ils avaient pas la même origine. Mais cette révélation s'était trop pour elle. Wendy avait lu les journaux, ce que les scientifiques appelaient les mutants étaient capables de faire. A eux seuls, ils pouvaient surement faire exploser la ville. Elle ne voulait pas avoir affaire à ces gens là. Malgré ses douze ans, elle était pas assez naïve pour ne pas suivre son propre instinct. Elle voyait bien la douleur dans les yeux de Niou, qui lui ne voyait plus rien d'autres que des choses négatives.
- Vas y dis le ! Dis le ce que tu penses ce que je suis !Lui aussi il pouvait être en colère. Le japonais avait cru en son amie, qu'elle l'accepterait tel qu'il était. Son coeur meurtri, laissait place à la colère. La lumière blanche était devenu rouge. Lentement Wendy lui avait tourné le dos pour parti, lentement il avait tendu sa main pour la retenir. Lentement il avait vu la boule rouge se diriger vers elle, la frappant en plein de dos. L'odeur de brûlé s'élevant doucement dans l'air. Un cri de douleur s'était échappé des lèvres de la pré-adolescente alors qu'elle tombait à terre.
- Wendy !Niou s'était précipité à ses côtés, grimaçant face à la tâche de brûlé sur le manteau. Il l'entendait gémir et lui dire de partir. Qu'il était qu'un monstre et qu'il avait rien à faire dans ce monde. Niou espérait que c'était la douleur qui lui faisait dire ces choses là. Ne sachant que faire, il avait sorti son portable pour envoyer un message à son père. Son père, qui allait surement être déçu.
le bruit d'une claque qui s'abattait sur la joue. Debout au milieu du salon de la maison Ishido, Niou retenait à grande peine ses larmes de couleur face au regard de son père qui lui faisait face. La douleur cuisante sur son visage lui faisait mal mais ce n'était rien comparé aux restes.
- Mais qu'est ce qui t'a pris bon sang ?!- ...j'voulais juste...lui montrer..- Tu ne peux pas faire ça Niou ! Les gens normaux ne nous comprennent pas ! La majorité ont même peur de nous - Alors dans ce cas je veux plus être un mutant !Avait il hurlé avant de partir dans sa chambre en claquant la porte, la fermant à clé derrière lui. Il la laissait toujours ouverte mais cette fois il avait besoin d'être seul. Il ignorait les appels de son père et allait s'allonger sur son lit pour laisser place à son chagrin.
Depuis ce jour, la relation entre les deux hommes s'étaient dégradés. Niou était retourné dans son mutisme. Séchait la plupart de ses cours sous le regard impuissant de son père et du majordome. Ils ne savaient pas que Niou se rendait parfois dans la cuisine et regardait les couteaux. Se demandait si couper ses mains allaient changer quelque chose. Mais sans mains, il ne pouvait pas jouer de guitare. Alors le pré-adolescent retournait dans sa chambre et pleurait sa peine sur les cordes de son instrument de musique.
Hatori était complètement perdue. Assis sur son canapé, il essayait de trouver un moyen de renouer avec son fils. Ils avaient pourtant réussi à se rapprocher, il se souvenait encore du jour où Niou lui avait souri et serré dans ses bras. Son fils était presque un adolescent maintenant, il allait sur ses quatorze ans. Il craignait que l'âge n'arrange pas les choses. La porte, elle, demeurait close. La sonnette avait soudainement retenti, et Hatori se demandait qui cela pouvait bien être. Si c'était des "entreprises" Robert saurait bien les renvoyer. Ce dernier était d'ailleurs de retour.
- Monsieur, une personne se présentant comme le professeur Xavier souhaiterait vous parler, ainsi qu'à votre filsCe nom lui disait quelque chose. Mais Hatori n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Un professeur de Niou peut être ? Ne souhaitant pas être mal aimable avec le corps enseignant, le maître de maison avait fait signe de le laisser entrer. Robert n'avait même pas eu le temps d'aller à la porte qu'un homme chauve en fauteuil roulant était apparu dans son salon. Quelques secondes après, Niou sortait de sa chambre en se plaignant qu'une voix lui parlait dans sa tête.
- Bonjour Niou, je suis le professeur Xavier. Je voudrais te parler de mon écoleC'était ainsi que Niou avait atterri à la
Xavier School for Gifted Youngsters, XSGY pour les intimes. Même si ne l'avait pas dit, l'adolescent n'avait pas vraiment eu très envie de quitter son père. C'était le seul membre de sa famille qui lui restait, quand bien même il lui rappelait sa nature. Mais Hatori lui avait dit que aller là bas, l'aiderait à accepter qui il était. Qu'il ferait la connaissance d'autres mutants. Sauf que Niou n'avait pas envie de faire connaissance avec quelqu'un. Il sentait que cette école allait être l'enfer pour lui. Surtout si ils avaient tous la mauvaise manie de s'introduire dans votre cerveau.
Le temps n'avait pas arrangé le côté asocial de l'adolescent. Ce dernier comme à son habitude restait muet et dans son coin. Le discours du nouveau président ancré dans sa peau, lui rappelant les propos de Wendy et sa terreur. Est ce qu'ils avaient raisons ? Est ce que les mutants devaient être éliminer ?