Cassandre de Troyes

NAISSANCE ET JEUNES ANNEES
Cassandre est née dans l'ouest de la France, dans un petit village de campagne, d'une mère professeure de français au lycée et de père inconnu. Elle, qui est tout sauf un enfant de l'amour, est pourtant née un matin de Saint-Valentin. L'ironie de la vie.
Aucune autre famille à déclarer, sa mère étant orpheline. Elles ne pouvaient compter que l'une sur l'autre, et Cassandre a appris à se débrouiller seule dès son plus jeune âge. Parce que c'était plus simple pour tout le monde si elle s'autonomisait vite. Parce que ça économisait du temps à sa mère, et que ça évitait les disputes...
Fille unique, elle a grandi sous l'éducation stricte de sa mère. Atteindre la perfection, c'est dur quand on est un enfant, mais c'est pourtant ce qu'on lui demandait. Alors Cassandre obéissait, faisait de son mieux. Parce que sinon, elle ne récoltait que les cris. Elle garde de son enfance un tempérament assez réservé, ainsi qu'une aversion prononcée pour les disputes, ce qui fait d'elle une excellente médiatrice.
Elle a parfois été la cible des moqueries, du fait qu'elle n'avait pas de père, mais a toujours réussi à s'intégrer parmi les autres enfants, ayant une personnalité plutôt accomodante.

ADOLESCENCE ET DEMENAGEMENT
Alors qu'elle allait entrée au lycée, sa mère a choisi de partir enseigner au lycée français de New-York, et Cassandre a suivi. Qu'aurait-elle pu faire de toute façon ? Personne ne les retenait en France... Alors elle a quitté ses amis, jurant de les revoir un jour. A la vie, à la mort. (Elle a toujours de leurs nouvelles via les réseaux sociaux, mais ils ont tous grandi, mûri, pris des directions différentes. La complicité adolescente a disparu.)
Ses débuts ont été compliqué. Son anglais était scolaire, les gens parlaient trop vite, les professeurs avaient un accent trop éloigné de celui qu'elle avait entendu en cours, dans son petit collège en France. Les autres lycéens l'évitaient, parce qu'elle était la fille de la nouvelle professeure super stricte.
Et puis, à force de pratiquer en continu, dans la rue comme à l'école, elle a fini par comprendre leur anglais si particulier, cet accent américain qui lui hérissait l'oreille au début. Elle a réussi à avoir des conversations avec ses camarades. Ils ont compati quand elle leur a dit que sa mère était aussi dure en cours qu'à la maison. Ils l'ont aidé à rattraper son retard, et elle les a aidé pour leurs devoirs de français. Un échange de bons procédés. Pas de quoi fonder une amitié solide mais au moins de quoi lui donner la sensation d'être intégrée.

UNIVERSITE ET PREMONITIONS
Lassée de la relation conflictuelle avec sa mère, de toute la pression que celle-ci lui mettait sur les épaules, Cassandre a pris son indépendance à l'entrée à la fac. Une chambre dans une grande colocation, du baby-sitting le soir et les week-end. Une nouvelle vie, plus proche de ses valeurs et de ses envies.
C'est là, alors qu'elle se sentait elle-même pour la première fois de sa vie, que les prémonitions sont arrivées. Elle voyait des images floues de ses soirées - comment la petite fille qu'elle gardait allait se brûler sur la bougie laissée par sa mère, comment la tétine allait tomber loin du berceau et provoquer une crise de larmes chez le bébé dont elle s'occupait.
La fois où elle avait serré la main de sa professeure en sortant d'un entretien avec elle et que le sujet du prochain partiel s'était inscrit dans sa mémoire, aussi limpide que l'eau de la rivière.
Au début, elle avait mis ça sur le compte de la fatigue, puis de coïncidences. La sensation de déjà-vu qu'on trouvait sur tous les sites de santé. Jusqu'à la fois du partiel. Comment aurait-elle pu imaginer jusqu'aux questions exactes, jusqu'à la bonne police d'écriture ? Le mot "mutant" avait résonné en elle. Elle voyait régulièrement les manifestations depuis son arrivée à New-York. Les pours, les contres. La violence de part et d'autre, les explosions de pouvoirs divers et variés. Les couleurs de peau loin du spectre humain habituel. Et elle en était une. Elle était une mutante. Un médecin le lui avait confirmé, l'avait mis en relation avec le professeur Xavier.
A l'époque, elle avait refusé de suivre l'homme. Son pouvoir était balbutiant, et elle pensait encore pouvoir le contrôler. Elle avait ses études, ses amis. Elle ne voulait pas encore tout quitter pour un ailleurs dont elle ne connaissait rien.
Et puis, elle avait Julian. Celui qu'elle pensait être l'homme de sa vie. Un étudiant en langue, qui lui avait demandé des cours de soutien en français. Une relation brûlante et passionnelle. Elle se sentait enfin bien dans sa vie. Tout lui souriait. Jusqu'à cette vision claire et précise de lui dans les bras d'une autre.
De nouveau, elle sentit son monde s'écrouler. Mais elle était trop blessée pour demander de l'aide, encore moins à un inconnu, même professeur dans une école de mutants. Alors elle se renferma, appris à ne plus toucher les autres. A porter des gants en permanence. Des manches longues.

MAJEURE ET VACCINNEE
Cassandre a réussi à finir ses études malgré son don pour le moins perturbant. A trouver un travail qu'elle adorait. Mais le manque de contact humain la détruisait à petit feu. Se retenir de câliner ce bébé manquant d'attention ou de caresser les cheveux de ce petit garçon souffrant...
Le manque de personnes dans sa vie aussi. Elle s'était éloignée de tout le monde, malade de voir leurs secrets se révéler à elle d'un simple toucher.
Alors maintenant qu'elle était parvenue à retrouver un certain équilibre dans sa vie, il était temps de reprendre le numéro du professeur Xavier, et de voir s'il embauchait des infirmières un peu perdues et maîtrisant mal leurs dons. Dans une école pleine de mutants, elle aurait aussi sans doute moins peur des prémonitions hasardeuses (après tout, elle ne serait pas la seule à ne pas se contenir, non ?)