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 Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny

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Caleb Turner
Caleb Turner
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MessageSujet: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyVen 1 Mar - 12:14
“But I'm a bad liar, bad liar
Now you know, now you know
That I'm a bad liar, bad liar
Now you know, you’re free to go”



Caleb ajuste l’écouteur gauche de ses AirPods dans son oreille avant de se laisser déconcentrer. La musique l’emballe et l’emporte, loin, dans un univers de catharsis et de beauté où les sens s’égarent autant que les pensées. Perché sur l’un des énormes sèche-linges qui encombrent la buanderie, le jeune homme fredonne sans s’en rendre compte la mélodie qu’il connaît par cœur. La chanson ne date pas d’hier, a eu déjà le temps de passer de mode, mais les paroles ne s’évadent pas de son esprit et il peut se laisser porter par elle autant qu’à sa première écoute.

Son pied droit tape dans le vide, sa tête dodeline, il chante en un murmure et se délecte de la solitude qui imprègne l’instant. Ainsi perdu dans l’une des parties les plus reculées de l’Institut à 23h passée, il s’autorise à imaginer qu’il est ailleurs, chez lui, ou du moins qu’il s’apprête à y rentrer. C’est un plaisir coupable et culpabilisant, dont la saveur est aussi douce qu’amère, pourtant il ne peut s’en empêcher.

Il voudrait se sentir à l’aise ici. Il voudrait se débarrasser de l’insipidité qui s’insinue partout, dans ce qu’il voit, fait, ressent. Il voudrait se détacher des pensées parasites qui le suivent à chaque instant, les doutes, les peurs, les colères, les tristesses. Les pourquoi. Pourquoi moi, pourquoi ici, pourquoi ce pouvoir, pourquoi dans cette famille. Les questions le hantent, se cristallisent sous la forme de cette flamboyante école qu’il rejette sans trop comprendre. Ce n’est pas que les mutants ne sont pas sympas, c’est qu’on lui a appris à les qualifier de monstres. Ce n’est pas qu’il ne veut pas d’amis, c’est que s’en faire rime avec la trahison de ses parents. Ce n’est pas que l’institut est détestable, c’est qu’il ne pense pas avoir le droit de l’aimer.

Les idées percent la bulle de douceur de la chanson et le visage de Caleb se ternit, perd du calme qui caressait ses traits. Une moue mécontente le remplace, devenue tristement habituelle, et il croise les bras comme si cela pouvait l’aider. Quelque chose cloche chez lui, ce n’est pas possible autrement. Il n’est pas normal.

« Sans déconner, Turner… », murmure-t-il d’un ton blasé.

Un soupir franchit la barrière de ses lèvres, s’égare dans les airs. Imagine Dragons ne pourra rien pour lui ce soir. Ses doigts glissent jusqu’à la première oreillette pour la ranger, bien à sa place dans la petite boîte blanche typique de la marque. Le jeune homme est distrait, mécontent, presque frustré de son propre état émotionnel. Il en a marre. Il se trouve pathétique et ridicule.

Clac.

Le plastique frotte le plastique en tombant. Caleb sent avant de voir l’AirPod échapper à son emprise, louper l’emplacement qui lui était destiné et chuter inexorablement derrière la machine à laver qui jouxte son emplacement, dans un interstice vicieux entre appareil et mur. Horreur. La poitrine du garçon se crispe en un hoquet catastrophé.

« Merde… Putain, merde ! »

Le jeune homme range précieusement la seconde oreillette avant de se ruer sur le trou. Profond, poussiéreux, celui-ci est encombré des fils qui font tourner la machine. Au fond  le nargue son précieux bien, ultime moquerie de son destin. Une nouvelle flopée de jurons lui échappe.

« C’est pas vrai… »

Soupir, aîné d’une fratrie qui pulse contre ses lèvres closes. Caleb se résigne à l’inévitable, pousse avec ses bras pour espérer décaler l’énorme engin. Peine perdue. Il y a tout juste assez d’espace pour qu’il y passe la tête la première, ni plus ni moins, et il devra pousser de toutes ses forces sur ses jambes pour se tirer de là ensuite. L’idée paraît mauvaise. Perdre ses écouteurs davantage.

« Journée à la con… »

Le jeune homme se penche, tend le bras en espérant frôler le précieux trésor, ne parvient qu’à la moitié de la hauteur de la machine. Ses dents viennent titiller la lèvre inférieure, tic nerveux dont il ne parvient à se détacher. Un mélange de désespoir et de frustration gonfle son cœur. Il sait ce qu’il lui reste à faire.

Usant de ses jambes et de ses bras pour assurer sa chute progressive, Caleb pose doucement ses mains sur le sol bétonné de la buanderie. Inspiration, expiration. L’espace est si restreint qu’il comprime involontairement ses poumons, respire plus doucement. La poussière ici est d’une épaisseur qui lui arrache un éternuement malvenu. Peu importe, se répète-t-il, peu importe si les câbles moites tâchent ses vêtements. Ses doigts se referment sur l’AirPod, et les soucis sont finis.

Du moins était-ce ce qu’il espérait.

Ses jambes poussent, tirent le long de la machine contre laquelle il est enfoncé jusqu’à la taille. La gravité toutefois accomplit son œuvre magistrale, refusant de céder à ses caprices idiots, aidée dans son travail de sabotage par l’espace restreint dans lequel il est confiné. Ça frotte, ça colle, bref, le corps de Caleb glissait aussi bien à l’allée qu’il est coincé au retour. Et la solitude bénie de devenir malédiction.

« Oh non… »
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Pénélope Reed
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyDim 3 Mar - 11:27
Perfect Paradise
Caleb & Penny
L’institut était calme. Elle n’était pas loin de minuit et la plupart des résidents somnolaient, calés contre leur oreiller. Du moins, c’est ce que Pénélope espérait. En ce qui la concernait, elle ne se sentait pas spécialement fatiguée. Ou peut-être l’était-elle, mais l’appel de la couette n’était encore une fois, pas assez fort pour qu’elle s’y laisse glisser. Elle y voyait gros comme une maison, cette nuit allait être sans doute un peu longue. Une de celle qui vous fait retourner dans tous les sens sur votre matelas, sans parvenir à trouver une position adéquate, trop chaud, trop froid, avec oreiller ou sans, à moitié dehors, à moitié dedans… Cela avait longtemps été une angoisse, toutes ces heures, allongée seule dans un lit, luttant contre des pensées de plus en plus sombres, guettant du coin de l’œil une aurore qui n’en finissait pas d’arriver. Un calvaire que la jeune femme connaissait que trop bien et qu’elle avait décidé d’arrêter de subir. Elle ne dormirait pas, c’était un fait. Alors autant mettre à profit ces heures nocturnes pour faire quelque chose d’utile. Ou de moins utile. Histoire de s’occuper l’esprit et de ne pas sombrer dans des pensées qui finiraient par atteindre sa bonne humeur habituelle.

Cette nuit, ça serait donc lessive. Rien de bien folichon. Elle en profiterait sans doute pour écouter de la musique, lire et méditer, bercée par les ronrons réguliers d’une des machines. On lui avait déjà fait comprendre qu’un membre de l’équipe éducative qui lavait ses sous-vêtements au milieu des élèves était une situation délicate, gênante voir pour les plus puristes, tordue et tendancieuse. Ah ? Bien. Pénélope n’était pas très contrariante et après tout, elle pouvait le concevoir même si jusque-là, elle n’avait pas senti le moindre problème. Se sachant parfois tête en l’air, elle n’avait pas cherché à insister et avait arrêté de venir aux heures de pointe. Les insomnies avaient aussi leur bon côté. La nuit, elle avait presque l’impression d’avoir l’institut pour elle toute seule.

C’est donc avec son sac, habillée d’un vieux jogging et d’un tee shirt que Pénélope déboula dans la buanderie vide. A l’exception d’une paire de jambes qui s’agitaient en l’air. Une vision qui la laissa un instant perplexe avant de finalement se demander à qui elles pouvaient bien appartenir. Elle déposa calmement son sac sur la table au centre de la pièce et se pencha pour apercevoir Caleb, bien calé dans l’interstice que formaient deux machines.

« Salut, Caleb ! » Lança-t-elle au lycéen avec un grand sourire, de la même manière qu’elle aurait pu le faire au détour d’un couloir.

Elle n’était pas paniquée pour un sou. Comme à son habitude. Malgré la position qu’elle imaginait fortement inconfortable pour l’adolescent dont l’afflux de sang donnait déjà une jolie teinte rosée à ses joues. Il faut dire qu’elle en voyait des bizarreries, dans cette école. Et Caleb était suffisamment discret et effacé pour que la jeune femme soit encore en droit de se poser des questions concernant ses habitudes de … de quoi au juste ? De relaxation ? D’étirements ? De distraction ?

« Tu as conscience que tu es dans une position bizarre, hein ? » Elle pose la question, au cas où. Mais en la formulant, Penny se rend compte que la réponse reste assez évidente. « Ouais … Bon, j’te sors de là et tu me dis comment tu as fait ? »

Prenant appui contre le mur, elle tenta de pousser l’une des machines qui retenait prisonnier Caleb avec sa jambe. Elle bougea de quelques millimètres avant d’être bloquée par celle qui suivait. Il aurait fallu bouger toutes celles avant pour pouvoir créer un espace suffisant. Pénélope créait de la lumière, elle n’était pas Hulk Hogan ! Ne se démontant pas, elle monta alors sur les machines, positionna ses pieds de chaque côté du trou dans lequel l’adolescent s’était mis et le pris par les chevilles.

« J’espère que personne ne va rentrer, sinon on va encore m’accuser de faire des trucs tordus … » Bougonna-t-elle en se rendant compte de la position dans laquelle ils étaient. « Tu es prêt ? A trois, je tire. Deux, trois ! »

Et elle tira sur les jambes de l’adolescent le plus délicatement possible, juste de quoi lui permettre de se décoincer un peu et de prendre appui sur ses bras pour se sortir de là.
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Caleb Turner
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyMer 6 Mar - 17:05
D'abord, le déni. L'espoir, stupide, futile, qu'il parviendra à s'en sortir avant que les pas qui résonnent ne soient déjà en sa présence. L'adrénaline, le refus, l'envie absolue de se débarrasser de la honte, de repousser l'humiliation. Caleb se débat, pousse contre la machine à laver qui l'emprisonne, rien pourtant ne fonctionne. Il cherche, il lutte, il tire. D'abord, le déni, détruit par la fatalité. Lorsque les claquements des chaussures s'arrêtent, le garçon est déjà résigné, blasé par sa propre situation.

Un soupir quitte ses lèvres, il ferme les yeux et colle son front au câble moite qui l'entrave. L'eau aussitôt se réchauffe, et bon sang ça l'énerve, ça le désespère d'être infoutu de faire les choses biens, d'être incapable de ne pas faire de connerie, que ce soit maintenant ou ailleurs, que ce soit en se retrouvant coincé derrière une foutue machine ou en faisant bouillir jusqu'à l'humidité qui règne dans sa prison. Sa poitrine se crispe, son cœur s'embrase, il tire machinalement sur un fil pour compenser l'agitation qui le hante.

Ses oreilles se tendent. Il attend. Les moqueries ne tarderont pas à venir, reste à espérer que le nouveau venu ait la bonté d'âme de le sortir de là. Il n'est pas certain que sa position soit bonne pour la santé.

Tap. Tap. Tap. Clang. Tap tap tap.

Quelqu'un marche. Quelque chose est posé sur une des tables adjacentes. Puis la marche, de nouveau, vers lui. Caleb se retient de fermer les yeux, réflexe aussi puérile qu'inutile. Clore ses paupières ne le dissimulera pas.

« Salut, Caleb ! »

Ton enjoué, un peu amusé, voix légère. Il reconnaît Pénélope Reed, se dit que ça aurait pu être pire. Elle est cool, la surveillante, de ce qu'il a pu voir d'elle. Elle est cool, elle est douce aussi, plus compréhensive sans doute qu'un élève mal intentionné. Le garçon a toujours fait partie des populaires, mais il n'ignore pas la méchanceté primaire dont sont capable les adolescents entre eux. Il y a assisté plus d'une fois, sans approuver, sans trop parler non plus. "Salut...", finit-il par répondre, d'un timbre mortifié.

À tout ce qu'elle demande, il hoche la tête. Le silence semble plus confortable que les mots, les mots trop francs qui l'obligeraient à se confronter à la dure réalité de son humiliation. Oui, il expliquera, même s'il n'y a pas grand chose à dire. Oui, il sait que sa position est bizarre, elle n'est pas très agréable d'ailleurs. Ses battements de cœur tambourinent contre ses tempes, l'afflut sanguin comme autant d'à-coups. Il veut sortir de là, le plus vite possible.


« J’espère que personne ne va rentrer, sinon on va encore m’accuser de faire des trucs tordus … »

L'intervention boudeuse de sa surveillante lui arrache un rire, étouffé par l'espace restreint dans lequel il est coincé. Ne t'inquiète pas, voudrait-il dire, j'ai fait tellement pire déjà. Et c'est fou, quand il y pense, d'être ici depuis si peu de temps et d'avoir été ridiculisé tant de fois. Se révéler mutant lui aurait-il retiré des neurones ? Là, bloqué entre des machines à laver et un mur moite qu'il s'évertue à faire chauffer, la réponse lui parait tristement évidente. Ou peut-être que je suis juste con.

Il est interrompu dans ses pensées par le compte à rebours de Pénélope. Secouant la tête, le jeune homme reprend ses marques avec la réalité, se prépare à aider sa sauveuse. Mademoiselle Reed est pleine de bonne volonté, il en est certain, mais il doute qu'elle puisse le soulever hors de son trou sans qu'il n'y mette un peu du sien. Fort heureusement, le geste qu'elle esquisse, empoignant ses chevilles, lui permet de déloger la plupart des cables dans lesquels il s'est emmêlé. Son corps fait le reste : les bras poussent, les muscles se contractent, il gesticule jusqu'à pouvoir poser son genou contre une paroi solide. Et il tire, pousse, sa silhouette tordue dans un angle peu recommandé, jusqu'à finalement sortir sa tête des Enfers. Ses cheveux ébourriffés lui tombent devant les yeux, il est rouge et noir d'efforts et de crasse, son T-shirt ruiné remonte le long de son estomac, à jamais déformé. Dans sa main trône toujours l'oreillette d'AirPod, celle qu'il est allée chercher et qui est la cause de son humiliation.

Levant finalement les yeux vers son interlocutrice, Caleb remercie les cieux des rougeurs sanguines qui persistent sur son visage, dissimulant au monde la gêne qui colorerait autrement ses joues.

« Merci... », murmure-t-il finalement, timbre penaud et moue honteuse.

Entre ses doigts joue l'écouteur perdu, qu'il finit par coincer entre son pouce et son index. Là, il le relève la la vue de Miss Reed, un sourire mortifié aux lèvres.

« C'est ça. L'explication. Je l'ai fait tomber derrière les machines et... »

Son explication est nulle. Bon sang... Le jeune homme ne s'est sans doute jamais senti plus stupide. Prononcer son raisonnement lui met le nez dedans, comme s'il ne l'avait pas compris plus tôt, et il ne comprend pas comment il a pu prendre cette décision, comment en son âme et conscience il a pu se dire que glisser derrière les appareils était une idée lumineuse.

« Ouais, je suis con... »

Sa main libre glisse dans ses cheveux, agitant les mèches collées de sueur et de... il ne veut pas savoir de quoi d'autre. Vraiment pas. Une moue dégoûtée se dessine sur ses traits sans qu'il ne prononce un mot, et il décide silencieusement de changer de sujet. Son regard coule sur le sac de vêtements qui trône au centre de la pièce.

« Oh. »

Elle voulait faire sa lessive. Si tard ? Il n'est personne pour juger.

« Je vous dérange. »

Caleb relève les yeux vers elle, doucement, jauge la réaction pour savoir quoi faire. Sincèrement, l'idée de fuir la queue entre les jambes ne lui déplaît pas tant, actuellement. Il se sent bête, ridicule et crade, a l'impression de se faire honte dès qu'il bouge. Heureusement que son père ne le voit pas comme ça.

Voile de tristesse. Papa est déjà déçu. La façade se tord, le barrage imperméable se fendille, le garçon se demande un instant si les sentiments ne vont pas venir chatouiller ses barrières, mais rien ne se produit. Le verrou se resserre, lentement, il songe à la situation ridicule dont il sort et laisse un rire lui échapper.

« Désolé pour ça... »
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Pénélope Reed
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyDim 10 Mar - 19:21
Perfect Paradise
Caleb & Penny
La technique du cochon pendu semble fonctionner. Pénélope sent le corps de l’adolescent coulisser, se tordre pour finalement sortir de son trou. Elle le lâche et descend elle-même des machines, un œil sur le jeune homme, rouge pivoine. Les traces de crasse noire présentes sur son visage n’étant que davantage visibles. Elle lui sourit, répondant à son remerciement qu’elle sent honteux. Mais ce qu’elle attend, c’est son explication. Elle ne l’attend pas comme la surveillante qui attend de voir comment l’élève va bien pouvoir s’en sortir pour expliquer sa bêtise. Elle l’attend avec une vraie curiosité. Parce que … Sérieux, comment on en arrive là ?

« Oh, je vois … »

Elle lève un sourcil perplexe lorsqu’il se traite lui-même d’imbécile. La jeune femme était suffisamment consciente que ces petites choses pouvaient prendre une importance capitale pour des jeunes solitaires, comme pouvait l’être Caleb. La musique permettait sans aucun doute de supporter cette mise à l’écart qu’il s’affligeait depuis qu’il était arrivé, de casser un peu cet isolement, d’éviter un silence qui l’obligerait à se retrouver seul avec lui-même. Alors qu’il ait fait tous les efforts du monde pour retrouver son oreillette n’avait rien de débile.

« Con ? Peut-être. » Elle hausse les épaules. « Ou juste courageux. Parce que franchement, je les ai toujours connus là, ces machines. Je parie qu’il y a un microcosme pas spécialement jojo, derrière ces trucs … »

Une petite moue dégoûtée. Et puis surtout, il faisait tout noir. En sachant à quoi ressemble les êtres vivants qui évoluent dans les grandes profondeurs, privés de toutes lumières, il y avait de quoi flipper, non ?

« Non, non … Tu ne me déranges pas. » Dit-elle en commençant à fureter dans la buanderie, visiblement à la recherche de quelque chose. Mais elle se stoppa soudainement pour se tourner vers le jeune mutant. « Enfin … Bon, tu dis pas que j’ai fait ma lessive devant toi et je dis rien sur ta partie de jambes en l’air après le couvre-feu, d’accord ? »

Pas qu’elle allait spécialement crier sur tous les toits les mésaventures de Caleb Turner dans la buanderie. A tous les coups, dans deux jours, elle aurait déjà tout oublié. C’est surtout qu’elle ne souhaitait pas qu’on revienne lui taper sur les doigts pour avoir osé exhiber des tee-shirts à peine trop moulant face à un élève. La jeune femme se baissa enfin pour regarder sous les tables et tirer vers elle deux bacs avec des fringues et autres linges personnels abandonnés ou oubliés dans la buanderie. Elle trouva une serviette dans un des bacs qu’elle prit délicatement du bout des doigts avant de la snifer au plus près que son odorat lui autorisait. Le linge retrouva le panier précipitamment.

« Ok, bac de linge sale … » Dit-elle en pointant du doigt le petit monticule de linge qui avait sans aucun doute fini de sécher en boule. Elle finit par trouver dans le deuxième bac, une petite serviette propre qu’elle balança à Caleb. « Tiens, nettoies toi avec ça … »

La poussière, la crasse et la sueur, ce n’était jamais très agréable. Ni à supporter, ni à voir. Pénélope en profita pour le détailler un instant, chose qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire jusqu’à présent. Mis à part croiser le jeune homme dans les couloirs et constater sa solitude. Son malaise était palpable, son rire crispé n’en était que le reflet. Il donnait l’impression d’être à fleur de peau, prêt à se décomposer.

« T’en veux ? » Elle tendit le paquet de gâteaux bio au quinoa et pépite de chocolat, à la farine complète, sans sucre ajouté, sans huile de palme, sans colorant, ni conservateur qu’elle venait de sortir d’une poche de son sac de linge. « J’te jure qu’ils sont bons. » Parce qu’elle avait l’habitude des remarques perplexes sur ces douceurs qui n’y ressemblaient pas du tout.

« Alors, ça fait, quoi … Deux semaines que tu es arrivé, non ? » Commença-t-elle en remplissant une des machines avec son linge de couleur. « Comment ça se passe ? »

A priori, elle aurait toutes les raisons de renvoyer fissa l’adolescent dans sa chambre au vu de l’heure qu’il était. Mais elle voyait en cette rencontre un moyen de discuter un peu avec lui, au calme, dans un environnement non-formel. Pénélope se doutait vaguement de la réponse. Mais elle voulait avant tout l’entendre le dire et s’il parvenait à le faire, argumenter sa réponse.
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyMer 13 Mar - 10:13
Pénélope est gentille. C'est la conclusion qu'il tire rapidement à son écoute, à entendre les mots subtilement réconfortants qu'elle lui glisse lorsqu'il se traite d'idiot. Derrière l'humour se cache une tendresse palpable dont Caleb ne sait trop quoi faire. Il lance un regard un peu perdu à la surveillante, ne répond rien, laisse le silence prendre la place qu'il devrait occuper de ses mots. Elle est déroutante. Là où il s'attendait à être disputé, ou du moins à subir une affirmation plus ou moins polie de sa frustration, elle n'offre qu'un sourire et une blague, une dose de bonne humeur pour vaincre sa gêne. Il se tait donc. Il observe. Il détaille. C'est une habitude qu'il ne cesse de développer, son enfance auprès d'un père plein d'ambitions l'aidant sans doute à jauger ses interlocuteurs. Il fouille en quête de quelque chose, il ignore quoi, d'un petit je-ne-sais-quoi qui l'aiderait à comprendre ce qu'on attend de lui.

« Je serai muet, promet-il d'un ton qui parvient à être à la fois effacé et léger. Je crois que je risque plus que vous de toute façon... »

Un petit sourire glisse sur ses lèvres. Il joue avec ses pieds dans les airs, distrait, son regard traînant toujours sur la silhouette élancée de la jeune femme. C'est plus fort que lui. Le garçon ne le regrette aucunement d'ailleurs, un éclat de rire franchissant irrémédiablement ses lèvres devant le spectacle du linge sale agressant les narines de son interlocutrice.

Il est surpris dans son amusement par une serviette, jetée à son visage, qu'il rattrape tout juste avant de se ridiculiser. Remerciement murmuré, il se frotte avec force. La texture particulière du tissus irrite son visage, pourtant il se complaît dans la sensation, synonyme d'une propreté regrettée. Caleb se sent dégueulasse, et y remédier ne serait-ce qu'un peu l'emplit d'un soulagement qui vient des tripes. Un second « merci » trouve le chemin de ses lèvres. Gêné, penaud, il se cache dans l'action qu'il poursuit, effaçant progressivement les traces noires de crasse et d'humidité de son visage rougi.

« T'en veux ? »

Les mains se baisse, la face émerge, le garçon observe d'un œil surpris la boîte... très bio... de biscuits. Un éclat d'amusement s'illumine dans son regard à l'insistance de la jeune femme. Bons ? Peut-être.

« Je n'aurais pas pensé que vous étiez une hipster. »
, murmure-t-il en plongeant ses doigts dans le paquet.

La boutade reste fade, trop timide pour être vraiment taquine, pourtant il s'agit là d'un bref relent de son être passé, un passé si proche et pourtant si lointain qu'il lui semble parfois n'avoir jamais existé. C'est une impression étrange, à croire que Caleb n'a fait que briser un masque en pénétrant l'Institut, comme s'il n'avait jamais vraiment existé et qu'il se trouvait désormais avec son âme dans les mains, sans guide ni indications. Peut-être le vide permanent provenait-il de là ?

Pénélope remplit une machine de son propre linge sale, des questions plein les lèvres, et le garçon range ses longues jambes en tailleur. Ses dents trouvent les bords du biscuit, appuient. Un craquement brise le court silence.

« Je ne sais pas. »

C'est la réponse la plus honnête qu'il puisse lui accorder. Il voudrait pouvoir dire oui sans hésiter, déclarer non et que ce soit vrai, pourtant le voici coincé dans un perpétuel entre-deux dans lequel il semble se complaire. C'est que Caleb a pleinement conscience que l'Institut est un bel endroit. Il sait que, même si les lycéens restent des lycéens, prompts aux jugements et faciles à agacer, leurs passifs à tous les rend différents, les rend plus tolérants peut-être. Il sait qu'ici, on fait le maximum pour que tout le monde soit bien, se sente chez lui, se sente accepté.

Ce n'est pas son cas.
Il ne veut pas que ce soit son cas.

« C'est pas votre faute. »
, ajoute-t-il maladroitement, comme si les enseignants pouvaient se préoccuper à ce point d'un unique élève. « C'est moi. Je le sais. C'est juste que... »

Les mots s'estompent et se dissipent sur sa langue. Il lance un regard incertain à son interlocutrice, triture sa lèvre inférieure. Il ne sait pas quoi rajouter. Un grand blanc s'est immiscé dans son esprit, effaçant ses pensées. Qu'ajouter ? Il ne veut pas étaler ses doutes, ses peurs et ses troubles devant une femme qui a probablement bien mieux à faire, qui a déjà entendu bien pire aussi. Au final, Caleb est juste un fils à papa qui craint que ce dernier ne lui adresse plus un regard s'il épouse sa nature de mutant. Pas besoin d'aller chercher plus loin.

« Je ne fais pas d'effort. Au contraire. J'en ai conscience. Pas besoin de s'inquiéter pour moi, vraiment. »

Ses yeux fuient et ses dents croquent, de nouveau, dans le biscuit sans-rien-de-mauvais qui n'est effectivement pas mauvais. Le garçon cherche à se distraire par tous les moyens. C'est ridicule, il ne peut s'en empêcher pourtant. Il ne veut pas mentir à Pénélope – elle mérite mieux – mais le sujet remue des choses qu'il craint de regarder, appuie sur des zones gangrenées qu'il n'ose pas aborder. Faire semblant est plus simple, bloquer plus aisé. Ça lui permet de garder la face. C'est important.

« Désolé. »
, murmure-t-il finalement, sans savoir pourquoi.
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Pénélope Reed
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptySam 16 Mar - 17:21
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La bouffe. Rien de tel pour occuper les mains et détendre un peu l’atmosphère. La bouffe, ça avait quelque chose d’assez unique pour ça. Et aussi fade que pouvait paraître les biscuits de Pénélope, ils étaient suffisamment sucrés et présentaient suffisamment de chocolat pour qu’ils soient appréciés. Tout en restant sain. Plus ou moins. Un combo parfait.

« Une hipster ? » Répéta Penny, surprise de la comparaison. Elle réfléchit quelques instants avant de se mettre à rire. « Tu m’as bien regardé ? » Elle pointa de son doigt, ses lèvres. « Je n’ai même pas de moustache ! »

Alors, définitivement, non, elle ne pouvait pas être mise dans cette catégorie assez restrictive. Parce que mis à part l’absence de pilosité faciale, elle avait passé l’âge de l’être, ne savait absolument pas utiliser les hashtags et avait une grosse tendance à s’endormir devant la plupart des films d’auteurs. La jeune femme faisait juste attention à la planète et à ce qu’elle mangeait lorsqu’elle le pouvait. Elle était déjà une mutante. Ca suffisait.

Quoi qu’il en soit, elle était contente que Caleb choisisse de rester avec elle. Il semblait toujours agité, mais le fait qu’il se soit installé lui laissait deviner qu’il n’était pas complètement effrayé et réfractaire au sujet de discussion qui semblait se profiler. Ce qui ne l’empêchait pas de ne pas savoir quoi répondre. Et d’en être gêné, jusqu’à souhaiter la rassurer sur le rôle qu’elle pouvait éventuellement jouer sur son mal-être.

« Je ne m’inquiète pas. » Répondit-elle simplement alors qu’elle trifouillait les boutons de la première machine à laver pour la lancer.

Deux semaines, ce n’était rien. Deux semaines pour s’acclimater à une vie si particulière, c’était sans doute trop court. Mais cela n’avait rien d’étonnant, ni d’anormal.

« J’ai rarement vu des nouveaux résidents à l’aise immédiatement. L’institut est grand, il y a du monde, il faut composer avec les capacités de chacun, sans parler des siennes et c’est compliqué d’avoir un moment d’intimité ... Et c’est comme ça qu’on se retrouve dans la buanderie tard le soir, le nez dans la poussière ... »

La jeune femme adressa un sourire amusé à Caleb avant de lancer la deuxième machine. Mis à part certains cas particuliers, la plupart des élèves de l’institut venaient directement de leur milieu familial, avec leur repères rassurant même si leur environnement n’était objectivement pas toujours sain et équilibré. C’était sans doute le lot de beaucoup de jeunes mutants. Ajouter à cela tout un tas de questions inhérentes à l’âge et à la nature mutante et il y avait toutes les raisons du monde de devenir un peu dingue.

« En revanche je serais sans doute plus inquiète si dans quelques mois, je te sens toujours aussi mal à l’aise …. Il y a cependant au moins quelque chose de positif, tu es conscient que ça cloche et tu sembles déjà avoir une idée de pourquoi ça cloche. »

Cela signifiait sans doute que Caleb savait se remettre en question. Une aptitude que tout le monde n’avait pas et qui était le témoin d’une certaine maturité. Se remettre en question était signe de la capacité à se confronter à soi, ses faiblesses, ses échecs, ses carences. Et ce n’était jamais bien agréable de s’apercevoir que l’on était faillible.

« Et tu as raison sur une chose. On pourra faire tout ce qu’il faut pour toi, si tu n’y mets pas du tien, rien ne bougera. L’Insitut n’est pas là pour faire à ta place. »

La volonté de s’en sortir était primordiale lorsque quelque chose n’allait pas. Personne ne pouvait porter à bout de bras indéfiniment quelqu’un qui ne voulait pas avancer. C’était trop frustrant et sans doute un peu autodestructeur. Au son du ronron des machines, Pénélope rangea son sac, s’assit en tailleurs sur la table, à l’image de l’étudiant et pris un gâteau dans le paquet.

« Du coup … Si tu devais te bouger les fesses pour que ca aille mieux, tu penses que tu devrais faire quoi ? »
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyJeu 21 Mar - 15:20
« Je sais pas si j'en ai envie. »

Caleb se mord la lèvre, le visage torturé, et baisse rapidement les yeux. Son expression dissimulée, il laisse échapper un souffle avant de jouer avec la surface de la machine, ses doigts tapotant le métal dans une série de petits bruits sourds. Inspiration, expiration. La bouffée de nervosité s'échappe sous le joug de sa respiration, diminue sans jamais mourir. Il regarde le sol, le détaille, observe chacune des tâches incrustées qui se sont ancrées dans le parquet usé, fuit l'attention de Pénélope.

Il n'ose pas l'affronter. Il n'ose pas s'exprimer. Il regrette presque les mots qui lui ont échappé. C'est qu'il en a eu envie, pris dans l'instant, emporté dans la conversation, ne songeant pas à tous les sous-entendus qui s'étaient accrochés à ses paroles. La vérité est simplement sortie, comme ça, comme innocente, comme si son cœur n'était pas entouré d'une énorme barre d'explosifs. Honte. Peur. Caleb craint Pénélope, craint qu'elle comprenne, qu'elle lise dans son discours les mots de son père, les regards de sa mère, le jugement intrinsèque à son éducation, à ce qu'il cache – ce qu'il a peur d'être – derrière sa jolie façade de Golden Boy. Au final il n'y a que deux options : monstre dehors, ou monstre dedans. Freak ou connard. Les intérêts s'emmêlent et les convictions s'effondrent, le miasme ténébreux de ses pensées digérant la masse de données pour mieux les mélanger. Ses traits se froissent, ses doigts accélèrent la cadence contre la machine.

« C'est pas contre vous, se justifie-t-il finalement. Enfin je crois pas. C'est juste que... »

C'est juste que j'ai rien à foutre là. C'est juste que j'aurais voulu ne pas être un mutant. C'est juste que j'aurais voulu que rien ne change, garder mes œillères et continuer comme ça, toujours. Les songes sont égoïstes, pourtant il ne parvient pas à les faire taire. Caleb se souvient, peut presque toucher du doigt le temps où tout allait bien dans sa vie, se rappelle trop précisément de la sensation d'être heureux. Impossible au final d'oublier cette réalité, de faire une croix dessus en décidant de s'accepter tel qu'il est. Parce qu'il est quoi, au juste, si ce n'est une tâche sombre imposée sur un avenir prometteur ?

« Je suis pas... Je suis pas vraiment à ma place ici ? J'ai pas été éduqué là-dedans. Pas comme ça. Pas du tout en fait. »

Il repense aux paroles de son interlocutrice. Il songe à ses déclarations, à ses tentatives de le rassurer. Un élan de culpabilité lui mord la langue. C'est de sa faute tout ça. Elle ne devrait pas avoir à s'investir. Elle ne devrait pas s'investir pour lui. Sa pomme d'Adam grimpe et redescend. Il avale l'amertume qui le gangrène, ferme brièvement ses paupières.

Il est un peu désorienté, Caleb. Il ne sait pas trop quoi faire de ses valeurs, de sa nature, de sa famille. Embrasser son gène et rejeter ses parents l'écorche vif, mais peut-on rester à jamais dans cet entre-deux douloureux ? N'est-ce pas là un ultime supplice ? Les épaules du jeune homme se tassent, ployant finalement sous le poids des décisions qu'il s'impose. Ses yeux remontent doucement jusqu'à ceux de Pénélope. Il cherche, il fouille, en quête d'une approbation qu'il n'ose espérer, d'une acceptation dont il ne sait quoi penser. Sa lèvre rougit sous l'assaut de ses dents.

« Je sais pas vraiment quoi faire, en fait. »

Un petit rire amer lui échappe.

« Pour savoir ce quoi faire il faudrait déjà que je sache si je veux m'intégrer un jour, vous croyez pas ? C'est débile sinon. Et moi c'est ça mon problème. C'est ça. »

Sa voix tremble en dépit de ses efforts, s'éceuille un peu sur la fin, et il racle honteusement sa gorge pour faire passer la sensation. Ses yeux retournent au sol. Il ne sait pas ce que dira Pénélope. Il ignore ce qu'elle pense, ignore ce qu'elle veut de lui. Pas ça, songe-t-il. Il faut dire que sa réponse n'est pas brillante, bien éloignée sans doute de ce que recherche la surveillante. Elle est sincère pourtant, et c'est déjà beaucoup. C'est déjà plus qu'il n'en a fait depuis bien longtemps.
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyJeu 28 Mar - 9:11
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Et il lui répéta, que ce n’était pas contre elle. Que s’il n’y arrivait pas, ce n’était pas sa faute. Pénélope le croyait. De toute façon, il lui aurait dit le contraire, ca ne l’aurait pas spécialement inquiété. Du moins, elle n’aurait pas eu de sentiment de remords, de remise en question. Au vu de sa récente arrivée, il ne lui paraissait pas encore nécessaire de se poser des questions sérieuses concernant Caleb. Il ne s’agissait pour l’instant que d’observation et de patience. Mais pour le jeune homme, les questions et les remises en question étaient déjà là. Et elles étaient douloureuses. Ça ne sortait pas. Les mots ne venaient pas. Comme s’il était encore trop dans l’affect pour pouvoir verbaliser ce qu’il ressentait. Ou peut-être n’osait-il tout simplement pas ? Se sentir mal à l’aise dans un endroit et devoir l’exprimer à une personne qui en est l’incarnation ne devait sans doute pas être facile, Pénélope le reconnaissait.

« Personne ne te demande de rejeter ton éducation. »

Elle le savait, la surveillante, d’où sortait ce gosse. La famille Turner faisait partie de ces millions de familles qui considéraient les mutants comme des aberrations. Alors s’y découvrir mutant devait créer chez lui une véritable dissonance. Représenté tout ce qu’il avait de plus affreux aux yeux des siens n’avait rien de bien épanouissant, sa confiance en soi en prenait un coup et sa dignité aussi. Pour un adolescent en plein construction ce retournement de situation pouvait être assez violent et destructeur.

« Tu viens d’un environnement qui a un avis bien tranché sur les mutants. Mais je doute que toutes les valeurs et les principes que ta famille t’a inculqué jusqu’à présent soient basés sur cet avis. À toi de faire la part des choses ... »

Caleb venait d’une famille à priori respectable. Pénélope ne prenait pas les personnes ayant une aversion envers les mutants comme de mauvaises personnes. Juste des personnes qui avaient besoin d’explication et de preuve. Des gens qui étaient dans l’ignorance et qu’il fallait éclairer. Leur vision ne remettait pas en cause l’ensemble de leurs valeurs et leurs croyances qui étaient sans doute, tout à fait respectables.
Mais en attendant, Caleb galérait. Et Pénélope n’avait aucune recette miracle à lui donner pour qu’il puisse reprendre du poil de la bête. Malgré le caractère informel de leur discussion, il semblait être de moins en moins à son aise.

« Ok, j’vais te montrer un truc ... » Dit-elle en se remettant debout. « On va aller faire un tour dehors. » Elle jeta un coup d’œil aux machines, s’assurant que tout était ok avant de se diriger vers la sortie. « Tu viens ? »

Pénélope guida Caleb jusqu’à l’étage supérieur, pour sortir par une porte donnant sur les extérieurs. Ils longèrent sur quelques mètres les chemins balisés avant de les quitter pour s’enfoncer dans le sous-bois. Le noir était complet avant que des petites sphères lumineuses viennent éclairer le chemin que la surveillante semblait connaître par cœur. Après quelques minutes à marcher sous les arbres, ils débouchèrent enfin à la lisière du bois. Face à eux, une vue splendide de New-York by night.

« Tada ! » Dit-elle en riant doucement. Les sphères lumineuses disparurent, les plongeant de nouveau dans le noir et leur permettant de mieux apprécier les lumières de la ville. « Bon, à tous les coups, les milliards d’alarmes de Kian vont s’affoler. Mais tant pis, hein ! » Ca ne ferait qu’une énième prise de bec avec le Rambo de la maison. « Ca fait une éternité que je ne suis pas venue. »

Parce que de voir la ville briller l’avait toujours fascinée. Les milliers de panneaux lumineux donnaient l'impression que la ville clignotait, les fils de voitures créaient de longs serpentins, l’eau de l’Hudson River ondulait ... Tout ceci avait quelque chose de magique. Et puis soudain, elle se mit à hurler. Un cri venant des tripes, propulsé par son diaphragme en direction de la Grosse Pomme. Elle y mit toute la puissance dont elle était capable et tout son souffle jusqu’à ne plus en avoir. Le silence se fit de nouveau. Pénélope avait un léger sourire satisfait sur les lèvres.

« A toi. »
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyVen 5 Avr - 15:07
La réponse de Pénélope l'interloque. Il relève la tête vers elle, l'observe sans comprendre, fouille son visage en quête de réponses qu'il ne trouvera pas. Les mots valsent, tournent et retournent dans son esprit, se répétant en un écho infini dont il craint de ne plus sortir. La jeune femme vient sans le savoir de lui offrir le Graal, le compromis divin qu'il cherche depuis trop longtemps et qui l'épuise. Face à cela, il ne peut qu'attendre. La frustration le tue, la frustration l'étouffe, et son regard s'accroche à sa surveillante comme des bras fatigués à une bouée de sauvetage.

Lorsqu'elle s'explique, il écoute sans répondre d'abord. Ses paupières papillonnent et son esprit s'active, il tente de laisser les paroles l'imprégner sans tout à fait y parvenir. Ça a l'air simple, dit comme ça, et il est vrai que les valeurs de ses parents ne se résument pas à la haine des mutants, que ses souvenirs ne tournent pas autour de la dinde de Novembre 2020. Pourtant il a peur. La facilité déconcertante de ces mots le destabilise. Au cœur du chaos de son monde s'impose un petit soleil dont la chaleur douce lui paraît presque menaçante par sa candeur. Il ne sait quoi en faire, il ne sait quoi en dire. Est-ce vraiment si tranquille ? Non, bien sûr que non.

« Ca ne les empêchera pas de me détester. », murmure-t-il donc, boudeur, presque renfrogné.

Ce n'est pas contre elle, une fois de plus. Caleb aimerait juste que sa vie soit aussi longiligne et simple que les dires de son interlocutrices l'ont sous-entendu. Caleb aimerait que ses parents l'aiment. Caleb aimerait ne pas être le monstre, ne pas être le danger, ne pas être l'erreur. Il voudrait être leur fils, rien que ça, se contenter de ce titre et passer à la suite. Être un mutant, au fond, ce n'est pas si compliqué, ou plutôt on s'y fait vite, trouve-t-il, en dépit des gants qu'il s'inflige et des craintes qu'il trimballe. Ce don a toujours fait partie de lui peut-être, c'est du moins la sensation qu'il en retire. Et puis c'est vrai, non ? Tout ça vient tout droit de son ADN.

La colère s'éveille et gronde, doucement. Elle n'est rien d'autre pour l'instant qu'un relens, qu'une vague qui monte puis s'en va, qui frôle la surface de cette carapace qu'il a construite puis s'évapore, meurt sous le joug de ce contrôle viscéral qu'il exerce sur lui-même. Ce n'est pas tant un contrôle qu'un blocage, suppose-t-il, mais peu importe. Cela l'empêche au moins de se laisser aller à la haine, aux pensées noires, trop noires, à celles qui sans doute seraient qualifiées de dangereuses.

Comme le fait que ses parents n'ont pas le droit.
Qu'ils devraient juste se la fermer.
Que le problème vient d'eux.
Qu'ils nient la vérité.
Qu'ils le renient, lui.
Qu'ils sont idiots.
Dégueulasses.
Mauvais.

Monstres.

« Ok, j’vais te montrer un truc ... »

Caleb relève les yeux et hausse les sourcils. Il l'écoute. Ses pensées meurent. Il suit Pénélope sans vraiment y songer, curieux peut-être de voir où elle va le mener. Leurs pas s'égarent jusque dans les jardins, et une expression perdue s'empare progressivement de ses traits. Où veut-elle en venir ? Ils ne sont pas censés être là, en plus !

Les ténèbres des bois lui arrachent un frisson qu'il dissimule tant bien que mal, peu désireux de montrer combien il est une poule mouillée à sa surveillante. L'idée de marcher dans le noir dans une forêt ne le réjouit cependant pas pluq que ça, voire pas du tout, et il accueille l'arrivée des sphères lumineuses que manipule son interlocutrice avec un soulagement tout juste contenu. Le garçon retrouve un peu de son entrain, ou du moins de son rythme

« Tada ! »

Il s'arrête tandis que la lumière s'estompe. Devant ses yeux s'étend New York, la belle New York qu'il devine au loin, gigantesques buildings frôlant les étoiles et le bruit qu'il imagine ambiant dans les rues perpétuellement bondées de Times Square. Son regard s'agrandit et ses lèvres s'entrouvrent, une expression ébahie s'imprimant sur ses traits.

Un petit rire lui échappe tandis qu'elle fait référence au nouveau chargé de la sécurité. Caleb songe furtivement que se trouver entre eux deux ne le dérangerait pas plus que ça, mais il se garde bien de le dire. Passer pour l'ado plein d'hormones est la dernière chose qu'il souhaite.

Puis elle crie. Elle hurle. Le garçon sursaute et la regarde, hébété, vider ses poumons sur la ville qui se profile. Le spectacle est presque hypnotique. Il ne peut la quitter des yeux, l'esprit plein de pensées qui soudain virevolte. Elle ne vide pas que ses poumons., suppose-t-il soudain. Et lorsqu'elle termine enfin, qu'elle se tourne vers lui pour lui déclarer que c'est à lui, il comprend brusquement où elle veut en venir.

« Je sais pas si j'en suis capable. »

Il se triture la lèvre, se tourne vers la silhouette géométrique de New York. Son cœur enfle. Il songe à tout ce qu'il a perdu. Ses doigts s'agitent sous la couche protectrice de son gant. Ses lèvres s'ouvrent.

Se ferment.

S'ouvrent.

Dernière hésitation.

Et il crie. Sa voix s'échappe timidement d'abord, puis prend en volume, prend en ampleur. Il hurle soudain. Il s'écorcherait presque la gorge tant ça vient des tripes, tant évacuer les balles de plomb dont est emplie son âme est pénible. Pénible mais libérateur. Il se vide. Il hurle. Ça dure, et ça dure, l'oxygène lui échappe mais il continue, continue jusqu'à s'essouffler, jusqu'à ne plus pouvoir, jusqu'à ce qu'en reprenant le silence ses épaules persistent à s'agiter. Ses poumons s'entrechoquent à vouloir grapiller de l'air.

Il la regarde. Se détourne. Ses yeux caressent les ombres de la ville au loin.

« Tu fais ça aussi à ceux dont la voix peut provoquer des explosions ? », finit-il par demander, discrètement, parce que la gène a rapidement remplacé le soulagement qu'il ressentait jusqu'alors.
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyDim 14 Avr - 18:56
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Non, cela n’empêchera personne de détester quelqu’un pour ce qu’il est. Mais est-ce que la famille de Caleb le détestait vraiment ? Rien n’était moins sûr. En ce qui concernant Pénélope, le doute existait. Elle ne connaissait pas les Turners. Elle avait juste les échos d’un adolescent perdu et frustré. Peut-être que sa famille l’aimait profondément, mais sans parvenir à lui faire comprendre. Peut-être que la peur et l’incompréhension prenant le dessus, ils n’avaient pas réussi à créer un environnement aimant pour leur fils. Ou peut-être que sa famille le détestait effectivement. La finalité était de toute façon la même. Ce qui importait le plus, c’était que Caleb l’avait ressenti comme ça. Comme une haine contre lui, ce qu’il était et ce qu’il représentait. C’était sans doute ça, le drame. La mutation était de toute façon, une histoire de famille. Et les histoires de famille avaient toujours leur part de douleur.
Alors lorsqu’elle demanda au jeune homme de se mettre à hurler à la tronche de New-York, c’était pour évacuer tout ça. Toute cette histoire de famille et les conséquences que cela avait sur sa vie.

« Tout le monde est capable de hurler. »

Alors il était tout à fait à même de le faire aussi. Que cette expérience lui vide les poumons avait pas mal de chance de réussir, pour peu qu’il mette un peu du sien. En revanche hurler pour se vider l’esprit ce n’était pas forcément gagné. Ça ne marchait pas à tous les coups et sur tout le monde. Peut-être n’était-ce pas cette méthode-là qui allait lui convenir. Ou peut-être pas à ce moment-là. Mais au moins, il saurait qu’il pouvait et qu’il avait le droit de le faire. En attendant, il comprit rapidement le truc et sembla sortir ce qu’il avait à sortir.

« Non … » Pénélope sembla réfléchir quelques instants avant de hausser les épaules. « J’ai jamais eu le cas, en fait ... Et de toute façon, c’est pas un exercice que je fais souvent … »

Faut dire que pour le coup, Kian péterais vraiment un câble. Sans parler de rumeurs qui pourraient circuler après. La surveillante qui embarque des p’tits jeunes dans les bois en pleine nuit, ça reste quand même louche.

« Enfin bref … Quand j’étais élève ici, je l’ai fait quelque fois, ça. Venir m’isoler un temps ici. Et puis un jour, je me suis mise à hurler. Ce n’était pas forcément pour me libérer de quelque chose. Je crois que c’était surtout pour dire au monde entier que j’étais là, que j’étais une mutante et qu’il allait devoir faire avec. »

Qu’elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour s’insérer dans cette société qui leur était hostile. Et qu’elle le ferait de la bonne manière. A l’époque, elle se voyait faire des études, tomber amoureuse, trouver un appartement, voyager un peu, voir ses amis, avoir un travail, en changer pour un mieux, avoir un enfant et faire sa vie dans une petite maison entourée de verdure. Une vie assez tranquille, saine, sans doute avec ses hautes et ses bas inévitables. Loin du monde bancal et inhospitalier qui l’avait vu naître. Mais c’était une vie idéale qui ne prenait pas en compte ce qu’elle était. Une mutante. Sans doute, était-ce là une des raisons pour lesquelles tout ne s’était pas passé comme elle l’aurait voulu. Au-delà des aléas de la vie.

« Au final, le monde ne fait pas totalement avec moi … » Dit-elle en riant un peu avant de se tourner vers Caleb en souriant. « Mais ça viendra. » Il fallait y croire. Ils n’avaient pas tellement le choix, de toute façon. Sinon, il n’y avait plus qu’à se flinguer. « Tu n’as peut-être pas choisi d’être ce que tu es, ni même d’être ici. Mais c’est ainsi. Alors il faut faire avec. Concentre-toi sur ce que tu peux tirer de cette expérience… Parce que c’en est une, j’te jure ! Je ne suis pas sûre que beaucoup de personnes puissent se vanter d’avoir fait une partie de leurs études dans une école pour mutant ! » A priori, personne de normalement constitué ne se vanterais à l’heure actuelle de quoi que ce soit en rapport avec les mutants. Mais ça n’empêchait pas, faire un séjour à l’Insitut Xavier restait assez exceptionnel. « Et quand tu seras prêt, tu pourras expliquer à ta famille et à tous ces gens … » Elle fit un signe de tête en direction de la Grosse Pomme. « … qu’ils se sont trompés. Que tu t’en sors, que tu es capable et que tu es quelqu'un de bien. »
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MessageSujet: Re: Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny Perfect paradise, tearin' at the seams | ft. Penny EmptyMar 23 Avr - 15:18
« … dire au monde entier que j’étais là, que j’étais une mutante et qu’il allait devoir faire avec. »

Caleb prend un instant pour y songer, pour imaginer cette confiance, cette rage. Ses yeux s'égarent sur les traits de Pénélope, si doux, si sages. Il tente de la voir adolescente, à sa place, le cœur gorgé de revendications dont il ignore tout, les yeux pleins d'une détermination typique de son âge. « Regardez-moi. » Cette phrase, il a du mal à la penser, il rêverait à peine de la formuler. Pourtant il comprend, pourtant il vit, lui aussi, avec ce monde qui n'a d'yeux que pour observer ceux qu'il a gâté. Être un mutant a tout changé. Fils d'une riche famille, blanc, le garçon avait jusqu'alors pour seule minorité celle de sa sexualité. Un court rire lui échappe tandis qu'il songe à l'ironie de la chose. S'il avait su, si seulement il avait su que sa bisexualité serait le cadet de ses soucis...

Il écoute sa surveillante, tente de se voir dans ses baskets, d'imaginer le monde avec son regard, sa vision. Espoir. C'est presque violent, toute la lumière qu'elle lui impose, toute la vie qu'elle lui dévoile. Vivre mutant, vivre fier. S'imposer dans cet univers qui semble le rejeter et y rire, et y rêver, prouver au reste que gène X n'est pas synonyme de monstre et que rien ne l'empêchera de se réaliser. Une émotion étrange lui pince le cœur.

« Je sais pas... C'est possible, vraiment, tu crois ? »

Il rit un peu à ses exemples, pense à Poudlard, se souvient de ses onze ans et de sa grande frustration à l'idée de ne jamais recevoir sa lettre. Le désir de ne surtout pas être un Moldu.

« Tu sais, quand j'étais petit je me prenais pour Harry Potter. Je crois que le destin m'a un peu trop pris au pied de la lettre... »

Ses lèvres se déforment en un sourire hésitant, perdu entre tristesse et nostalgie. Les vérités qu'elle lui propose ont une saveur douce-amère. Ça lui rappelle Sartre, tout ça, et la virulence avec laquelle l'homme traitait ceux qui se trouvent des excuses. L'Homme, condamné à être libre. Est-ce son cas ? Caleb se demande soudain s'il fait partie de ces gens qui se laissent trop porter, qui se contentent de regarder l'existence avancer sans eux et de s'en plaindre, de se lamenter sans bouger.

Ouch.

Son ego en prend un coup. Il grimace brièvement, pourtant les mots de Pénélope l'interpellent, le coupent dans son élan d'auto-flagellation. Sa gorge se serre. L'image fait mal. Ses parents seraient-ils capables de se remettre en question ? Seraient-ils fiers ? Que diraient-ils, en le découvrant ainsi, en l'entendant prononcer le fatidique « vous aviez tort » ? L'équation déborde d'inconnues qui le terrifient. Tristement, Caleb peine à s'imaginer un monde où sa famille l'aimerait tel qu'il est. Et c'est ça le drame, peut-être, celui qu'il a toujours refusé de voir, celui qu'il a toujours nié, celui contre lequel il s'est toujours battu. Ce qui l'a poussé à cacher sa sexualité. Ce qui a créé ce masque de gosse parfait. Ce qui l'a mené à observer le regard de son père en permanence, tout le temps, à chaque décision, à chaque chemin. Et là, Papa, assez bien?

Parce que ce n'est pas assez, a-t-il envie de dire, d'être quelqu'un de bien. Ça n'a jamais suffi. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Et peut-être même que ce n'est qu'un détail, au final, d'être sympa. Peut-être que ça n'a aucune importance. Vraiment? Il perd ses repères. Il ne sait plus qui est le monstre, ne comprend plus le système qu'il a pourtant nourri de toute son âme, tout ce temps, toute sa vie.

Le garçon baisse les yeux et hausse les épaules. Le nœud de sa gorge est descendu dans la poitrine. Ça brûle sous sa cage thoracique. Il a envie de chialer. Ses dents triturent la lèvre victime dans l'intimité de cette tête dirigée vers le sol. Il n'ose pas rencontrer le regard de sa surveillante.

« Et si... »

Déglutition. Il enfonce ses mains tremblantes dans ses poches. Pénélope avait raison : crier, ça relâche. Son masque n'est plus aussi efficace.

« Et s'ils continuent de... De me détester ? »

Larme rebelle, tristesse revêche. Caleb essuie sa joue dans un geste furtif et se détourne, fuit la conversation.

« Est-ce qu'ils me détestent ? »

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